Interviews
Le 28/08/2013

Slava CHEVLIAKOV – Organiste

SLAVA CHEVLIAKOV – ANNECY  2013

Titulaire de nombreux diplômes et prix, en particulier du Diplôme d’Etat Français ainsi que du Certificat d’Aptitude de Professeur d’Orgue Slava Chevliakov est est le seul organiste d’origine étrangère à avoir obtenu cette récompense au Conservatoire National de Musique de Paris.

Slava Chevliakov nous a reçus à la Cathédrale Saint-Pierre où il donnait un concert avec le clarinettiste Philippe Berrod, dans le cadre du Annecy Classic Festival

P.M. Vous êtes né en Hongrie, y avez vous vécu longtemps ?

S.C. Non, c’est le fruit du hasard, mon père y était en déplacement pour son travail et mes parents, tous deux russes, sont revenus à Moscou lorsque j’avais 2 ans, je n’en ai donc pas gardé de souvenirs.

P.M. Pourquoi avoir choisi l’orgue, c’est un instrument assez rare en Russie, il n’est pas présent dans les églises comme en France ?

S.C. J’ai étudié le piano au Conservatoire Tchaïkovsky de Moscou et il fallait choisir un autre instrument, j’ai entrepris l’étude de  l’orgue à 21 ans avec Alexei Parchine, un excellent professeur et concertiste réputé, représentant l’école d’orgue russe ; actuellement il y a de plus en plus d’organistes en Russie, d’ailleurs toutes les salles philharmoniques sont dotées d’orgues.

P.M. Mais d’où viennent ces instruments ?

S.C. : La majorité viennent d’Allemagne et un peu de Tchécoslovaquie, il y a peu de facteurs d’orgue en Russie.

P.M. Comment êtes vous venu en France ?

S.C.  Mon idée était d’aller aux Etats-Unis pour étudier à la Julliard School toutefois, si le niveau des professeurs était très bon, celui des élèves laissait à désirer. J’ai obtenu une bourse en France et je suis venu étudier avec Suzan Landale au Conservatoire de Rueil-Malmaison pendant 2 ans, j’ai également étudié le clavecin. Actuellement j’enseigne à Garches et à Suresnes.

P.M. Est-ce la première fois que vous vous produisez à Annecy ?

S.C. J’étais déjà venu en 1999 mais dans le cadre des Heures d’Orgue d’Annecy, cette année c’est ma première participation à l’Annecy Classic Festival

P.M. Vous êtes invité dans de nombreux festivals et vous vous produisez beaucoup en récital.

S.C.: Oui, j’ai donné des récitals à Paris à Notre-Dame, à Saint-Sulpice, Saint-Etienne-du-Mont, à Saint-Roch, je suis pianiste organiste accompagnateur des choeurs de la ville de Rueil-Malmaison et organiste titulaire de l’église St Léon à Paris.

P.M. Lorsque vous jouez en récital, ou  lors d’un festival vous devez d’abord voir l’instrument ?

S.C. Oui, en général j’arrive la veille pour faire  ce que l’on appelle la « registration » , c’est en quelque sorte l’équivalent de l’orchestration : vous voyez ces tirants sur le côté du clavier, c’est ce qui permet d’apporter sa touche personnelle aux sonorités, cela donne le timbre que l’on désire avoir, c’est la partie créative de l’interprétation d’un morceau.

P.M. Vous faites aussi des adaptations et transcriptions pour l’orgue et probablement en avez vous fait pour ce concert en duo avec le clarinettiste ?

S.C. Oui, bien sûr.

P.M. L’immense partie du répertoire est quand même constituée des oeuvres de Bach, cependant à Saint-Léon, avez vous le loisir de choisir les morceaux que vous jouez ?

S.C. Oui, c’est laissé à mon initiative et je choisis en fonction de la destination du service religieux, du caractère des événement et des fêtes.

P.M. Etes vous le seul organiste russe en France ?

S.C. Actuellement nous sommes trois : parmi nous il y a une organiste qui est titulaire de l’orgue à l’Eglise de l’Assomption à Paris et qui jouait avant à la Chapelle Royale de Versailles.

P.M. Donc, les habitants d’Annecy auront le privilège de vous entendre ce soir tandis que  les parisiens n’ont qu’à venir à la messe à Saint-Léon.

S.C.  Oui, j’y suis les samedis et dimanches.

P.M. Rendez-vous est donc pris pour tous les amateurs d’orgue !