Interviews
Le 03/07/2003

Alexander GHINDIN – pianiste

P.M. Comme beaucoup de pianistes dont la carrière a commencé tôt, êtes-vous né dans une famille de musiciens et avez vous commencé à étudier le piano dès votre tendre enfance?

A.G : Mes parents n’étaient pas musiciens et je n’ai commencé mes études de piano qu’à onze ans.

P.M. Qu’est ce qui vous a donné l’envie de faire des études musicales, quel a été le facteur qui a déclenché votre vocation ?

A.G : Rien de particulier ne s’est produit, je suis simplement entré un jour dans une école de musique et j’ai commencé à étudier le piano – tout cela s’est passé sans coup de foudre ni tonnerre !

P.M. Mais les résultats ont tout de suite été très positifs ?

A.G : Non, pas tout de suite, dans le domaine de la musique il faut bien trois ou quatre années pour voir quelques résultats. Enfin, il est vrai qu’en ce qui me concerne cela a été assez rapide.

P.M. C’est la deuxième fois que vous venez à Colmar ?

A.G : Oui ,et depuis j’ai donné des récitals dans beaucoup d’autres villes en France.

P.M. Votre programme vous laisse-t-il le temps de visiter Colmar et ses
environs ?

A.G : Evidemment, l’emploi du temps de musiciens est connu : on arrive, il y les répétitions, le concert et on repart plus loin, mais Colmar est une ville ravissante toute imprégnée de la présence de tant de musiciens russes qui sont venus s’y produire.

P.M. Quelle est votre prochaine destination ?

A.G : Demain je pars en Italie pour un tournée et je suis arrivé à Colmar de la région parisienne où j’ai joué pour le Festival Chopin.

P.M. A ce propos nous aimerions vous poser une question : i l y a des pianistes qui ont interprété en concert les oeuvres de Chopin sur des pianoforte d’époque. Comment considérez vous cette démarche et sur quel type de piano avez vous joué ?

A.G : J’ai joué sur un piano actuel. Les deux approches peuvent exister mais ce sont deux courants différents qui demandent chacun une formation appropriée.. Il ne s’agit pas de passer d’un type de piano à un autre. On peut jouer sur un instrument ancien à condition de s’investir entièrement dans l’interprétation de cette époque, il faut étudier beaucoup de détails, on peut dire qu’il s’agit d’une autre profession, d’une autre orientation, d’une préparation différente d’une autre profession, sinon ce n’est pas professionnel.

P.M. Quels sont vos compositeurs préférés, ceux qui vous parlent le plus au coeur ?

A.G : Vous savez, on me pose souvent cette question et je ne peux y répondre, il suffit que je nomme un compositeur, pour qu’immédiatement un autre en soit jaloux .

P.M. Vous arrive-t-il de composer de la musique ?

A.G : Pas exactement, je fais quelquefois des transcriptions, celle de la Valse de Ravel a été éditée.

P.M. L’interprétez-vous en concert ?

A.G : Il m’arrive de la jouer, elle est bien sûr elle est très difficile.

P.M. Envisagez-vous de poursuivre cette activité ?

A.G : Vous savez il y va de même que pour l’interprétation sur les instruments anciens. C’est également une profession différente et très sérieuse.

P.M. Vous avez bien fait la Valse ?

A.G : Oui, ça c’est venu tout spontanément.

P.M. Vous avez des tournées dans le monde entier – au Japon, aux Etats-Unis etc.et en Russie ?

A.G : J’en ai beaucoup en Russie, disons que cela représente la moitié de mes tournées. J’aime beaucoup y jouer, c’est un public formidable.

P.M. Vous avez reçu des prix à de nombreux concours.

A.G : Juste deux : Le concours Tchaïkovsky en Russie et le concours de la Reine Elizabeth en Belgique et cela suffit, ensuite il faut bien jouer et être un musicien honnête.

P.M. On vous connait donc bien en Belgique ?

A.G : Oui, j’y viens chaque saison ainsi qu’à Paris d’ailleurs.

P.M. Parlez-vous français ?

A.G : Assez pour pouvoir commander un bon plat dans un restaurant !

P.M. Sur quels piano jouez-vous ?

A.G : Principalement sur des Steinway européens, j’aime aussi les Steinways américains, ils ont une sonorité très profonde.

P.M. Parmi les compositeurs français quels sont ceux que vous aimez jouer ?

A.G : J’aime beaucoup Ravel et maintenant je m’intéresse à Debussy, du point de vue de l’interprétation il y a des points communs entre les compositeurs russes et les influences sont notables dans les deux sens.Il y a beaucoup de points de rencontre entre les compositeurs russes et français.

P.M. En ce qui nous concerne nous vous remercions pour la rencontre de cet après-midi et espérons que vous reviendrez à Colmar.