Alexei LUNDIN – Violoniste
P.M. Pouvez vous nous dire ce qui a déterminé le choix de votre instrument ?
A.L. Mon père était violoniste, c’est un instrument qui m’a toujours plus et j’ai commencé la musique à l’âge de 4 ans.
P.M. En lisant votre biographie nous avons constaté que la plupart de vos professeurs étaient des femmes, or il y a très peu de violonistes concertistes femmes.
A.L. J’ai eu de la chance avec mes pédagogues ; il n’y a pas tellement de bons professeurs, il est vrai que la majorité des solistes sont des hommes mais il me semble qu’en ce qui concerne la pédagogie c’est partagé à 50%, les femmes sont aussi bons professeurs que les hommes.
P.M. Depuis combien de temps jouez-vous avec les Virtuoses de Moscou ?
A.L. Cela fait 7 ans
P.M. Etes-vous déjà venu à Colmar ?
A.L. Oui, plus d’une fois. C’est une ville qui me plait beaucoup.
P.M. Avez-vous déjà joué à Paris ?
A.L. Oui, au Théâtre du Châtelet, au sein de l’orchestre et en tant que soliste. Paris est une ville extraordinaire.
P.M. Avez-vous joué dans d’autres villes de France ?
A.L. Non, juste Colmar et Paris
P.M. Préférez vous la musique dite « classique » ou la musique contemporaine.
A.L. Je préfère la bonne musique, talentueuse quelle que soit l’époque de sa création mais je considère que les compositeurs ont le droit d’entendre leur composition et donc que nous devons la jouer ne serait-ce que pour qu’il puisse l’entendre.
P.M. Quels sont vos projets après Colmar ?
A.L. Nous avons quelques concerts à Moscou, ensuite je partirai en Ecosse pour 2 concerts et en Août puis je me reposerai un peu pour reprendre le travail à Moscou et peut-être à Paris. Ce sera probablement un concert de soliste. Vladimir Spivakov aime beaucoup que les musiciens se produisent en concerts solo, cela renforce la réputation de l’orchestre.
P.M. De quelle origine est votre violon ?
A.L. Italien, c’est un maître de l’école vénitienne.
P.M. Vous l’avez acquis en Russie ?
A.L. Oui, cela fait un an et demi ; avant je jouais sur un violon de collection appartenant à l’Etat, un Ruggieri, l’assurance était très élevée et maintenant j’ai mon propre instrument, c’est mieux.
P.M. La principale qualité d’un violon pour vous , est sa sonorité ?
A.L. Oui, bien sûr, la sonorité, le timbre, j’ai aimé mon violon parce que sa voix est très reconnaissable, le violon a beaucoup de possibilités, plus l’instrument est bon plus il offre de possibilités dans le domaine des nuances etc..
P.M. Il y a donc une relation personnelle entre le violoniste et son instrument ?
A.L. Indéniablement, une relation très personnelle, pour beaucoup de musiciens, l’instrument est même plus proche que telle personne de son entourage immédiat. Quoi qu’il arrive dans la vie , le violon est toujours là.
P.M. Que pensez-vous de l’enseignement actuel du violon ?
A.L. C’est assez difficile, il me semble qu’actuellement peu de gens étudient la musique.
P.M. Vous avez participé à beaucoup de concours ?
A.L. Oui, des concours de soliste, de quatuor et d’orchestre de chambre, j’ai obtenu des prix. Malheureusement les concours sont devenus un grand business.
P.M. C’est à dire?
A.L. Il faut surtout distinguer et soutenir les talents et ceux-ci ne s’inscrivent pas forcément dans les cadres stricts prônés par les professeurs du jury. C’est très bien de diriger un jeune musicien dans son jeu et son interprétation et c’est très bien de recevoir un enseignement de choix néanmoins je considère qu’il ne doit pas y avoir de « dépendance directe », or pour entrer dans le cadre souhaité, beaucoup de candidats adoptent un style commun.
P.M. Au dépends de l’interprétation de l’expression et du tempérament individuel ?
A.L. Oui, c’est cela
P.M. Parmi les violonistes du passé quel est celui que vous trouvez le meilleur ?
A.L. Je pense que le meilleur était Paganini, Malheureusement, nous ne pouvons qu’imaginer son jeu ! Je révère beaucoup David Oistrakh. C’est d’ailleurs curieux : on écoute un violoniste, puis un autre, on les admire, puis on revient à Oistrakh et on se rend compte qu »il a quelque chose de différent qui le distingue et on revient à lui.
P.M. Aimez-vous jouer dans un orchestre?
A.L. J’ai beaucoup de plaisir actuellement à jouer avec les virtuoses de Moscou mais j’aime aussi les quatuors ; cependant ce que je préfère c’est jouer en tant que soliste.
P.M. Nous espérons donc vous réentendre en tant que soliste à Paris cet automne.