Arseny TARASEVICH-NIKOLAEV – pianiste
INTERVIEW
A l’occasion du 13ème Festival des Pianosfolies du Touquet, paris-moscou.com s’est entretenu avec ce jeune et brillant pianiste, lauréat de nombreux Concours prestigieux parmi lesquels on peut citer le « V International Scriabin Piano Competition » (Moscou), deux prix et un prix spécial pour ses performances de la musique Russe à la compétition internationale » Sydney Cleveland International Piano Competition. » etc.
P.M. Comme l’immense majorité des pianistes, vous avez vu le jour dans une famille de musiciens et vous avez baigné dans la musique dès voter plus tendre enfance.
A.T-N. Oui, c’est ma mère qui est pianiste tandis que mon père est mathématicien mais c’est surtout ma grand-mère Tatiana Nikolaïeva qui est connue (pianiste, pédagogue et compositrice de grande renommée, jury de nombreux concours à qui Chostakovitch dédia ses 24 préludes et fugues ) malheureusement je n’avais que quelques mois lorsqu’elle a disparu.
P.M. Mais la musique était donc au coeur de l’ambiance familiale.
A.T-N. Tout à fait : dès mon tout jeune âge j’avais appris à prendre un CD et sur quel bouton appuyer pour écouter des enregistrements musicaux et c’était mon passe-temps favori ; d’ailleurs on pouvait me laisser seul en toute sécurité et sans limite de temps dès l’instant où j’écoutais de la musique, je pouvais rester ainsi des heures entières.
P.M. Vous avez donc d’abord débuté vos études musicales à la maison puis au Conservatoire de Moscou. A quel âge avez-vous donné votre premier concert?
A.T-N. J’avais 9 ans lorsque j’ai joué pour la première fois en public avec un orchestre de chambre.
P.M. Si vous ne jouiez pas du piano, quel instrument auriez-vous choisi?
A.T-N. Difficile à dire : le piano est un instrument d’une telle richesse!
Peut-être la direction d’orchestre ou alors le violoncelle, dans le cas d’un instrument seul.
P.M. Avant votre récital aux Pianosfolies, où vous vous produisez pour la troisième fois, vous venez de participer au Festival du Périgord Noir, avec vous un agent-impresario aussi bien pour la France que les pays de l’UE?
A.T-N. J’avais un agent à Londres mais maintenant il se dédie uniquement au belcanto.
P.M. Vous avez-donc des propositions de concerts à titre personnel, eu égard à votre réputation mais comment cela se passe-t-il en Russie?
A.T-N. Comme en France d’ailleurs, la presse spécialisée joue un rôle important, la Philharmonie de Moscou propose également des concerts. Malheureusement il y a eu une interruption 5 mois à cause de la pandémie, sinon, bien sûr, j’ai donné beaucoup de concerts dans différentes villes de Russie.
P.M. En France également il y a eu interruption, heureusement les dates ont permis aux Pianosfolies de se tenir l’année dernière!
Etablissez-vous le programme de vos récitals vous-même ?
A.T-N. Oui, la plupart du temps je le fais mois-même à moins qu’il ne s’agisse de circonstances particulières comme un jubilé, un hommage etc.
P.M. Quelle qualité appréciez-vous le plus chez un chef d’orchestre ?
A.T-N. Une entente harmonieuse ! Plus les chefs sont célèbres plus ils ont la réputation d’avoir mauvais caractère en rudoyant leurs musiciens!
P.M. Effectivement c’était la réputation de Mravinsky qui faisait trembler les cordes lorsqu’il levait le sourcil droit, et l’orchestre entier lorsqu’il levait le gauche!!
A.T-N. Autrefois il y avait d’avantage de répétitions préalables à un concert : je regrette que maintenant on se contente le plus souvent d’une simple répétition et de la générale avant le concert en public
P.M. Que pensez-vous de l’activité de chambriste ?
A.T-N. Ah! mais cela constitue le summum des relations musicales aussi bien qu’humaines !!
P.M. Vous avez des œuvres de Ravel inscrites à votre programme : « Scarbo » a la réputation d’être aussi difficile que « Islamey », qui détenait la palme des difficultés pour un pianiste. Partagez-vous cet avis ?
A.T-N. Il paraitrait que Ravel, qui avait une parfaite connaissance des compositions du Groupe des Cinq dont « Islamey « , s’était donné pour tâche de composer un morceau aussi difficile, sinon plus.
Cependant je dirai que pianistiquement « Scarbo » est plus commode pour un pianiste, dans le doigté, dans sa composition.
P.M. Peut-être est -ce dû au fait que Ravel avait une formation musicale plus poussée que celle de Balakirev qui n’avait rien d’académique.
Quelle est votre prochaine étape musicale après les Pianofolies?
A.T-N. Je m’envole pour Copenhague où j’ai un récital.
P.M. Il ne reste plus qu’à vous souhaiter un grand succès en espérant vous retrouver au Touquet l’année prochaine pour le plus grand plaisir du public.