Interviews

Dimitri NAIDITCH – Pianiste et compositeur

Paris-moscou.com a rencontré le pianiste et compositeur Dimitri Naïditch après le concert qu’il a donné au Touquet dans le cadre des Pianofolies 2022

P.M
. Vous vous exprimez en français à la perfection, vous l’avez  appris avant de venir vous installer en France ?

D.N. Non, je l’ai appris sur place !

P.M  Depuis combien de temps vivez vous en France ?

D.N. Cela fait plus d’une trentaine d’années.

P.M.  Vous venez d’une famille de musiciens ?

D.N. Ma mère est grande pianiste et éminent professeur réputé, d’ailleurs, maintenant qu’elle est en France elle poursuit son activité en donnant des leçons par internet;  mon père, lui,  était physicien.

P.M.  Vous avez donc baigné dans un climat de musique classique, et quand avez vous commencé à composer ?

D.N. Dès mon plus jeune âge, déjà vers 5 à 6 ans.

P.M.  C’était donc dans un style tout à fait classique mais votre intérêt pour le jazz, de quand date-t-il?

D.N. Cela est venu petit à petit à l’adolescence vers 14 /15 ans.

P.M. Mais c’était, à l’époque où ce genre de musique  n’était pas du tout du goût de autorités et qui, par conséquent, n’était pas jouée en Union Soviétique.

D.N. Bien sûr, j’achetais des disques au marché noir.

P.M.. Et il y avait des enregistrements clandestins qui circulaient sous le manteau comme on dit
Et c’est alors que vous vous êtes tourné vers le jazz ?

D.N.
Non. J’ai eu différents périodes  : je me suis tourné vers le jazz pour ensuite revenir tout à fait vers le classique puis revenir au jazz : et cela plusieurs fois avant de mettre au point ce que je fais maintenant.

P.M. C’est à dire que vous revisitez les maîtres du classique en décloisonnant les deux styles dans une alchimie qui réunit jazz et classique. En France vous avez donné des concerts en tant que soliste?

D.N.
Oui et j’ai aussi joué avec orchestre.

P.M.
Dans un programme classique alors ?

D.N. Non, pas forcément.

P.M.
Il y a pas mal d’années vous vous produisiez au Théâtre de la Gaîté Montparnasse dans un spectacle musical intitulé « Ma vie en morceaux ». Avez-vous fait d’autres spectacles du même genre ?

D.N. Avant cela  j’ai réalisé des commandes en tant que compositeur comme le spectacle qui s’intitulait « Le jazz et la diva » avec Caroline Casadesus
Ce spectacle  a très bien marché (tant et si bien qu’il y a eu un « opus » deux) et il a été récompensé par le prix « Molière du meilleur spectacle musical. » en 2006 et il a été également nommé aux Victoires de la Musique en 2006.
« Ma vie en morceaux » a été joué en 2011 à Paris au Théâtre de la Gaité

P.M. Et vous êtes parti en tournée avec ce spectacle en particulier à Cannes où d’ailleurs vous avez  souvent donné  des concerts.

D.N. Ou j’y ai des attaches particulières avec l’orchestre.

P.M. En répertoire classique ?

D.N. Et aussi en jazz !

P.M. Lorsque vous interprétez des oeuvres telles que celle du concert auquel nous venons d’assister,  » Ah, vous dirai-je…Mozart » il y a une grande partie d’improvisation

D.N. Il y a à peu près 20% de partition écrite et le reste est improvisation mais tous ces morceaux sont enregistrés comme étant mes compositions.

P.M.  En ce qui concerne le trio, cela implique une grande cohésion, une grande complicité entre vous,
le contrebassiste (Gilles Naturel) et le batteur (Arthur Alard) pour suivre et participer aux improvisations. On sent vraiment qu’ils sont tout à fait intégrés dans la ligne musicale. Vous jouez toujours avec les mêmes partenaires lorsqu’il s’agit d’un trio?

D.N.
Oui, à moins de circonstances particulières, je n’en change pas.

P.M. Quels sont vos projets immédiats ?

D.N. Je prépare la sortie d’un CD intitulé « SOLISZT »

P.M. Il s’inscrira dans la lignée des enregistrements précédents tels que Bach Up et Mozart dans les étoiles.
Votre approche des grands classiques avec le jazz est tout à fait personnelle et elle vous a valu beaucoup de succès et d’appréciations enthousiastes.

D.N. Oui mais je dirai quand même que c’est un métier ingrat qui ne pardonne pas !!