Limonov, la ballade

Militant révolutionnaire, dandy, voyou, majordome ou sans abri, il fut tout à la fois un poète enragé et belliqueux, un agitateur politique et le romancier de sa propre grandeur. La vie d’Edouard Limonov, telle une traînée de soufre, est une ballade à travers les rues agitées de Moscou et les gratte-ciels de New-York, des ruelles de Paris au coeur des geôles de Sibérie pendant la seconde moitié du XXe siècle.

Pourquoi l’histoire de Limonov avec toutes ses contradictions et ses ambiguités politiques est-elle si fascinante ?

B. W C’est lié à sa personnalité… Il est toujours contre, c’est dans sa nature. Contre le courant, quel qu’il soit.
Limonov est un rebelle permanent. Quel que soit le système politique auquel il est confronté, il s’y oppose. Je trouve cela fascinant… et exaspérant.
Quel personnage ambigu et troublant ! Il y a une forme de pureté dans sa fidélité à cette nature d’opposant.
Mais le dire comme ça c’est courir le risque d’en faire un personnage romantique.
De toutes façons, le film n’est pas un documentaire sur la vie de l’homme Limonov.
Kirill utilise le personnage d’Eddie pour explorer des sentiments, et aussi le mouvement plus large de l’Histoire.
Je pense qu’il y a un peu de Limonov en chacun, vraiment.
C’est une partie de soi que la plupart des gens s’efforcent de cacher, de réprimer.
Lui a fait tout le contraire, il l’a vécue de façon extrême… ou peut-être pas !
C’est difficile, avec lui, de savoir où commence la fiction.
En tous cas, Limonov incarne une part cachée de la psyché humaine.

Emmanuel Carrere apparaît à l’écran dans une scène du film