Svetlana STEPCHENKO – Altiste
Svetlana Stepchenko se produit en concert en tant que soliste aussi bien qu’en formation de chambre et assure les fonctions du premier alto soliste de l’Orchestre National Philharmonique de Russie depuis la fondation de celui-ci (2003).
P.M. Comment est née votre vocation musicale ?
S.S. Mon père était trompettiste et me chantait des berceuses pour m’endormir : c’est ainsi
que je me suis mise à chanter avant même de commencer à parler. J’ai continué à chanter et le directeur de l’école musicale m’ayant entendu a proposé à mes parents de m’inscrire pour étudier un instrument que devait choisir ma mère. Ayant levé les yeux au ciel elle a choisi le violon, (elle n’était pas musicienne).
J’ai donc souffert pour acquérir les rudiments de cet instrument qui ne me plaisait pas et tout à coup, un jour j’ai pu tenir un alto et voilà, on ne s’est plus quittés, c’est un roman d’amour qui dure. C’est très important et même indispensable de trouver un instrument avec lequel on a ce genre de relation.
P.M. Pour quelles raisons préférez-vous l’alto, quelles principales qualités lui trouvez-vous par rapport au violon?
S.S. Chacun perçoit à sa manière, pour moi le violon a un son plus strident, plus aigu, l’alto s’apparente davantage à la voix humaine et le timbre de l’alto est très beau, les gens tombent sous le charme de cet instrument : évidemment il y a mois d’oeuvres écrites pour alto que pour violon, dans l’orchestre c’est la voix médiane.
P.M. Mais il y a quand même une certaine quantité d’oeuvres écrites pour alto en solo.
S.S. Bien sûr, vous n’avez pas idée de la quantité : simplement, il ne se trouve pas de
musiciens pour les jouer. J’ai gravé sur CD l’anthologie des oeuvres pour alto. Je l’ai fait sous l’impression de l’anthologie de la musique russe qu’a faite Evgueni Svetlanov avec lequel j’ai travaillé et qui d’ailleurs est venu à Colmar.
Il a enregistré toute la musique symphonique russe, et j’ai donc enregistré les oeuvres pour alto ce qui représente 12 CD ; toutes ces oeuvres, je les ai d’ailleurs jouées en concert mais ce qui est important, c’est que cela restera pour les générations futures. Actuellement les altistes se tiennent généralement à un même programme pour leurs concerts.
P.M. Il y a relativement peu d’altistes qui se produisent en concert solo.
S.S. Effectivement la majorité jouent en tant que chambristes et les solistes gardent à peu près toujours le même répertoire
P.M. Quelle est l’étendue de votre répertoire ?
S.S. Illimitée! Mais je dirai qu’il y a moins de compositions contemporaines pour alto.
P.M. Que pensez-vous de la musique contemporaine ?
S.S. Il y a un peu de tout, il faut faire un tri en quelque sorte, mais j’ai deux compositeurs qui sont d’ailleurs mes amis et qui m’ont dédié leurs oeuvres pour alto que je joue. Cela arrive fréquemment que la musique est composée sur des bases d’amitié entre compositeur et interprète.
Actuellement nous jouons souvent les compositions de notre Métropolite Illarion, qui était dans ma classe à l’école et à l’époque il chantait à l’église : ses compositions sont très belles et nombreuses, c’est une personnalité très intéressante et sa musique l’est aussi :
elle est inspirée par la musique religieuse qui doit faire entendre la voix des anges et cela se sent dans ses compositions. En quelque sorte il réalise une version orchestrale de la musique vocale sacrée. On va fêter son jublié (50 ans) et nous allons interptèter son Oratorio.
P.M. Comment arrivez-vous a gérer le temps consacré aux concerts, aux répétitions,
à l’étude de nouveaux morceaux et celui consacré à la pratique pure de l’instrument ?
S.S. Si j’énumerais tout ce que je fais encore en plus, vous n’auriez pas assez de place pour le noter, mais ce sont des choses que je garde pour moi, je n’en fais pas état !
L’heure du concert se rapprochant, Svetlana Stepchenko est allée se préparer, accorder son instrument et prendre place sur l’estrade.